Dehors, l’orage sévissait.

Il avait attendu jusqu’au soir pour éclater.

Tout un jour, depuis l’aube, il avait rôdé au-dessus du bourg. Ses lourdes masses avaient tour à tour occupé chaque recoin de l’horizon, bouchant les issues, supprimant tout espoir. Peu à peu, on s’était senti cerné de toutes parts. Depuis l’aurore jusqu’au crépuscule, le roulement de tambour avait crû, implacable, accru soudain par le crépitement des grêlons sur les champs, les chemins et les toits. Alors s’étaient déchaînées les flagellations du vent, stridentes, ponctuées par les canonnades du tonnerre qui déchirait l’espace.

Et la terre avait été livrée aux ravages des eaux.

Les blés encore debout s’aplatirent et les maïs se couchèrent. Les pommiers déjà lourds se tordaient, élevant d’incompréhensible manière des branches chargées de fruits qui retombaient ensuite, cassées net, claquant tels des coups de feu dans la nuit.

Pliaient alors et ployaient les peupliers solitaires, en proie aux fulgurances d’en haut.