Extrait de « Noëls pour un enfant perdu »

Tout avait commencé avec les Grandes O.

            Vous ne connaissez pas les Grandes O ?

            C’est que vous ne connaissez pas davantage 7-en-l’air, le faux père de Siffre.         

            On venait de confier à la terre le corps de la femme Amatroppe, il avait fallu retenir 7-en-l’air (Calixte Amatroppe pour l’Etat civil)  au bord de la fosse et Siffre avait pleuré comme si la morte avait été sa mère pour de vrai. Des sanglots qui vous secouaient ses épaules de môme à rien. On était aux quatre temps d’hiver et la neige, qui tombait à gros flocons, avait déjà recouvert la bière lorsqu’on put éloigner du trou le faux père et le faux fils.

            C’était la veille de la première Grande O, et donc du dix-septième jour de décembre.

            Avec ce malheur, entendrait-on encore 7-en-l’air chanter, comme naguère dans sa cuisine, O Sapientia ?

            Mais où la Sagesse dans tout cela ?

            Peut-être Zygomax se posait-il lui aussi la question : on le trouva, solidement planté dans son entêtement d’âne, à l’entrée du cimetière, à vouloir saluer sa maîtresse une dernière fois. Il s’était mis à braire au rythme du glas et même 7-en-l’air, distrait de son chagrin, ne parvint ni à l’ébranler ni à le faire taire. Seule la petite voix de Siffre apaisa le baudet qui accepta de suivre l’enfant à l’autre bout de Loup, jusqu’à la maison Amatroppe, à flanc de Côte.

            C’est le lendemain matin, jour de la première O, que la maréchaussée débarqua au village. 


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